
Urgence pour toutes les femmes sans-papiers !
Communiqué de presse du 7 février 2008
Cela fait 38 jours qu’en désespoir de cause, des sans-papiers ont entamé une grève de la faim au 91 de la Rue Royale, à Bruxelles. Les médecins évoquent des risques de complications graves dont certaines peuvent être irréversibles.
Le vide politique sur la question de la régularisation, qui les a amenés à cette action, est tout aussi insupportable.
Parmi ces grévistes, des femmes occupent le premier étage du bâtiment. Pour certaines, ce n’est pas la première occupation ; pour beaucoup, ce sera, pensent-elles, l’ultime.
Parmi ces femmes, beaucoup ont laissé leurs enfants à la maison ou dans une famille qui les accueille provisoirement. Partagées entre l’envie de s’occuper de leur famille et l’espoir d’obtenir enfin des papiers, elles se sont jetées à corps perdu dans la bataille. Certaines font la grève de la faim, d’autres pas : il y a les enfants à aller chercher à l’école, le loyer qu’il faudra encore payer, l’argent à trouver... Ces femmes qui ne font pas la grève de la faim soutiennent néanmoins les grévistes à 100%. En plus de la culpabilité qu’elles ressentent par rapport à la souffrance des grévistes, elles sentent souvent que leur engagement dans cette occupation est minimisé (par les médias, notamment) par le fait qu’elles continuent à s’alimenter. Beaucoup d’entre-elles nous tiennent ce même langage : sur leurs épaules reposent des responsabilités familiales, éducatives, domestiques qui ne leur permettent pas d’entamer une grève de la faim, perçue pourtant par elles et par beaucoup de sans papiers comme l’unique solution pour être régularisés. Il est pour nous scandaleux que, dans un état de droit, riche et démocratique, les autorités politiques fassent preuve de tant d’irresponsabilité en poussant des gens désespérés vers ce seul moyen d’être entendu.
Grève de la faim ou pas, la santé de ces femmes en prend un coup ! Les conséquences sur les enfants qui les accompagnent dans ces lieux occupés sont également préoccupantes. Quel gâchis pour des personnes qui veulent seulement travailler, se fondre dans la société belge. Et derrière toutes ces femmes, il y a des enfants, la famille au pays ou ici...
Nous voulons également attirer l’attention sur la situation d’autres femmes sans papiers n’ayant jamais mis les pieds dans un lieu occupé ; complètement isolées, elles continuent à recevoir des ordres de quitter le territoire. Ces femmes ne peuvent compter ni sur la solidarité collective d’une occupation ou d’une grève de la faim – aussi douloureuse soit-elle –, ni sur les phares des médias.
Nous nous inquiétons pour l’ensemble de ces femmes : grévistes, non grévistes, isolées, médiatisées ou pas. Elles ne savent plus comment réagir face au flou total et à l’arbitraire, face à l’inertie de nos responsables politiques et à leur manque de perspectives. Cette insécurité et cette violence ne font que s’ajouter à leur situation déjà précaire de non-droit dans laquelle elles vivent souvent depuis des années.
Pour sortir de cet arbitraire et de cette violence, Vie Féminine rappelle l’urgence d’une régularisation sur base de critères clairs pour tous et toutes les sans-papiers, ainsi que la nécessité de mettre en place une Commission permanente et indépendante de régularisation. En outre, Vie Féminine tient également à rappeler ses revendications pour que les critères de régularisation tiennent mieux compte de la situation des femmes. Ces revendications concernent les critères suivants :
- longue procédure
- maladie grave pour laquelle il n’y a pas d’accès, ou un accès insuffisant, aux soins adéquats dans le pays d’origine
- impossibilité de retour
- attaches durables qui ne peuvent être poursuivies que par une autorisation de séjour ou situation dont la seule issue est une autorisation de séjour
- procédure inégalitaire n’ayant pas pris en compte les situations spécifiques vécues par les femmes.
N’hésitez pas à aller à la rencontre de ces femmes. Elles occupent le 1er étage du 91 de la rue Royale.
Plus d’infos ?
Hafida Bachir
Présidente de Vie Féminine
presidente-nationale@viefeminine.be
02 227 13 01
Vie Féminine
Mouvement féministe d’éducation permanente
111, rue de la Poste - 1030 Bruxelles
02 227 13 00
www.viefeminine.be