Pour un plan d’action interfédéral de lutte contre le racisme

A Vie Féminine, on dit quoi ? Septembre 2020


Nous savons que le contexte actuel n’est pas propice aux solidarités : la montée du racisme et le climat sécuritaire vont à l’encontre du modèle de société que nous défendons collectivement. C’est pourquoi Vie Féminine soutient la coalition NAPAR : nous demandons aux autorités d’adopter un plan d’action interfédéral de lutte contre le racisme.


La crise sanitaire actuelle, la crise économique, les mesures politiques d’austérité, le gouffre grandissant entre les plus riches et les plus pauvres, la peur de basculer dans la précarité sont des réalités vécues par un grand nombre de personnes aujourd’hui en Belgique. Dans ce contexte, « l’autre », celle ou celui que l’on renvoie à une appartenance réelle ou supposée – liée à la couleur de peau, la religion, la nationalité, le pays d’origine des parents, etc. –, peut inspirer peur et rejet. Travailler à déconstruire les préjugés et à construire des solidarités constitue donc un défi important pour toute la société. C’est pour cette raison que Vie Féminine ainsi qu’une quarantaine d’autres organisations de la société civile ont rejoint la coalition NAPAR, la coalition belge pour un plan d’action interfédéral de lutte contre le racisme.

Un plan d’action maintenant !
À Vie Féminine, nous considérons que le racisme est un système de domination qui fournit des grilles d’interprétation du monde : un système de pensée, de croyances, un imaginaire, produit d’une histoire violente d’esclavagisme, de colonisation, d’exploitation et d’oppressions. Bref, un système qui façonne tous les domaines de la vie collective et individuelle.
De plus, pour nous, il est primordial de prendre en compte la dimension du genre dans la lutte contre le racisme, car les femmes racisées vivent des discriminations spécifiques qui les placent à l’intersection des deux systèmes de domination que sont le racisme et le patriarcat, en plus d’autres systèmes d’oppressions (tels que le capitalisme, l’homophobie, le validisme, etc.).
La prise en compte du genre dans la lutte contre le racisme est également fondamentale pour les personnes sans papiers et les personnes migrantes. La coalition NAPAR met l’accent sur le développement de parcours migratoires sécurisés et sur des lieux d’accueil tenant compte du genre. Il est indispensable d’assurer la sécurité de toutes les personnes en parcours migratoire et particulièrement la sécurité des femmes, qui subissent des violences liées à leur genre. Le plan d’action réclamé par la coalition NAPAR intègre également des mesures pour lutter contre les niveaux élevés de pauvreté parmi les minorités ethniques et culturelles, et porte une attention plus particulière à la situation vulnérable des femmes racisées.

Les Fabriques des solidarités
Afin de soutenir la lutte contre le racisme tout en y apportant une dimension genrée, Vie Féminine a mis en place dans de nombreuses régions une initiative appelée « La Fabrique des solidarités ». Avec ce projet d’éducation permanente, les femmes expérimentent concrètement des solidarités, à partir de deux portes d’entrée : la réflexion et l’action. En multipliant les lieux de mixité sociale et culturelle, les espaces de rencontre et de confrontation d’idées, « La Fabrique des solidarités » permet de lutter collectivement contre le racisme et contre les préjugés.

Ce projet est complété par la mise en place de permanences juridiques et sociales, majoritairement à destination des femmes étrangères. Car trop souvent, les femmes se retrouvent démunies face à un système institutionnel dont elles ne maîtrisent ni les procédures, ni le langage, ni les codes. Si le travail de proximité que nous menons, tout comme d’autres organisations de terrain, reste essentiel pour créer des solidarités, nous savons pertinemment que la lutte contre le racisme nécessite d’aller au-delà des responsabilités individuelles. Nous voulons donc des changements à tous les niveaux de la société, afin de tendre vers une société égalitaire, solidaire et juste.


Cet article a été initialement publié dans le magazine axelle (N°232)


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