Lutte contre le racisme

Lutte contre le racisme


L’augmentation considérable des violences policières touche de plein fouet les catégories sociales les plus exposées aux systèmes de domination : les habitant.es des quartiers populaires, les personnes racisées, les femmes et les personnes migrantes. Un sentiment mêlé de peur, d’inquiétude et d’impuissance s’est installé dans notre société.


Dans un contexte de crises sanitaire et économique, cet état de faits impacte directement l’ensemble de la population en la divisant, en la fracturant. C’est comme si les différents groupes sociaux se retrouvaient en concurrence les uns avec les autres. A cette violence, réelle et symbolique, s’ajoutent les discours. Souvent simplistes, voire faux, ces récits donnent à voir la société à travers une grille de lecture clivante, opposant les groupes sociaux les uns aux autres. Ils nous livrent une vision facile à partir de laquelle nous interprétons l’actualité et finissent par tracer une ligne de démarcation entre « Nous » et « les Autres ».

« Nous » et « les Autres », ce n’est pas seulement un discours qui divise. C’est aussi un discours qui hiérarchise, qui affirme que certains sont légitimes et d’autres, pas. Car cette division ne reste pas cantonnée au champ des idées. Elle s’incarne au quotidien, à travers des propos et des pratiques discriminantes. Elle permet de justifier le non-accès de certaines catégories de personnes à des ressources et à des droits fondamentaux. Car, même les institutions n’échappent pas aux représentations et aux discriminations qui structurent la société. Elles s’en alimentent et parfois les produisent.
« Nous » et « les Autres » se décline aussi au féminin, à titre individuel ou collectif. Ce sont parfois les femmes qui sont identifiées comme non légitimes et qui subissent des discriminations. Et c’est parfois au sein même du groupe social constitué par les femmes que les divisions et les discriminations ont lieu : il y a les « nationales » et les « étrangères », les travailleuses et les chômeuses, les croyantes et les athées… il y a « Nous » et « Elles ».

Travailler à l’émancipation de toutes les femmes nous oblige à prendre en compte la diversité de nos identités et à regarder les inégalités qui existent entre nous. Les femmes rencontrent des obstacles dus au sexisme, à la précarité et au racisme. Nous devons intégrer ces réalités de vie si nous voulons réellement lutter contre les inégalités et ne pas passer à côté de nombreux vécus.
L’enjeu c’est de s’allier, sans se reconnaître absolument ou totalement dans l’autre. Passer de la diversité à la solidarité, fonder un projet commun en tenant compte des inégalités auxquelles chacune fait face, respecter les pratiques et les croyances de chacune : c’est tout l’enjeu de construire ce que Nadine Plateau nomme des « divergences solidaires ».

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A Vie Féminine, nous avons déjà eu l’occasion de travailler sur quelques balises pour délimiter ce qui relève de la solidarité politique et ce qui n’en fait pas partie. La solidarité politique ne nait pas sur des affinités, elle se construit. Elle suppose des relations égalitaires et réciproques entre les partenaires. Cela suppose de considérer que l’autre peut m’apporter autant que je lui apporte. Cela suppose aussi de tenir compte des situations et des obstacles spécifiques que d’autres peuvent subir et de respecter les voies d’émancipation de chacune, même si nous n’aurions pas fait ce choix pour nous-même.

Mais comment alors, à partir de cette diversité, construire des solidarités ? Comment avoir un projet commun qui tienne compte des inégalités auxquelles chacune fait face et qui respecte les différentes pratiques et convictions ?

Neuf nœuds pour répondre à cette question :

  • Les réactions racistes (préjugés, rejets, peurs) dans le mouvement ou ailleurs.
  • Les vécus difficiles des femmes confrontées au racisme (rejet, manque de reconnaissance).
  • La difficulté pour les animatrices et les bénévoles d’identifier et réagir au racisme.
  • Les questions religieuses et philosophiques (tabou sur ces questions dans le mouvement).
  • Les discours dominants qui banalisent le racisme (politiques, institutions, médias).
  • La méconnaissance de l’histoire des migrations.
  • Le contexte d’austérité et la montée de la précarité.
  • La globalisation sur laquelle on a l’impression d’avoir peu de prise.
  • La méconnaissance des mécanismes de domination propres au racisme.
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