
La régularisation, c’est maintenant !
A Vie Féminine, on dit quoi ?
Ce 4 mai 2020 marque le début du déconfinement progressif en Belgique. À cette occasion, des citoyen
nes, militant es, associations, syndicats, avec la Coordination des sans-papiers de Belgique, ont lancé une campagne de communication sur les réseaux sociaux afin d’alerter les pouvoirs publics sur la situation des personnes sans papiers. Vie Féminine y participe.Les personnes sans papiers ne constituent pas un groupe homogène : les situations vécues par les individus sont aussi diverses que les individus eux-mêmes. Ainsi, Vie Féminine met la loupe plus particulièrement sur la manière dont les femmes sans papiers vivent les mesures de (dé)confinement et de protection contre le virus.
Déjà bien avant la pandémie actuelle, les femmes sans papiers vivaient dans une extrême précarité : en Belgique, ne pas avoir de titre de séjour signifie ne pas exister aux yeux de la loi. Sans statut légal, les femmes sans papiers sont exploitées et mal payées pour les rares activités dévalorisées qui leur sont ouvertes. Elles n’ont pas droit aux aides de base (comme le revenu d’intégration sociale ou les colis alimentaires) ; elles ne peuvent pas porter plainte en cas de violences conjugales ou de litiges avec leur employeur/euse ou leur propriétaire, de peur de se voir arrêtées, emprisonnées en centre fermé puis expulsées du territoire.
Aujourd’hui, en temps de déconfinement, les personnes sans papiers sont une nouvelle fois dans l’angle mort des politiques publiques.
Les revendications de Vie Féminine
Sur base des témoignages de femmes sans papiers qui fréquentent nos réseaux à Bruxelles et en Wallonie, Vie Féminine a adressé aux autorités politiques des revendications liées aux mesures sanitaires actuelles et à la régularisation de toutes les personnes sans papiers. Face à l’urgence du (dé)confinement, Vie Féminine insiste pour :
• Permettre aux femmes sans papiers d’accéder aux services sociaux, à la police et à la Justice, sans qu’elles ne soient menacées d’expulsion ou d’emprisonnement en centre fermé.
• Augmenter le nombre de places dans les refuges pour les femmes sans papiers victimes de violences (avec ou sans enfants) avec possibilité de régularisation accélérée.
• Faciliter l’accès des personnes sans papiers à l’Aide Médicale Urgente et aux colis alimentaires, en permettant aux organisations de la société civile de jouer un rôle d’intermédiaire entre les personnes sans papiers et le CPAS.
• Protéger les personnes sans papiers de la perte de leur logement.
• Réquisitionner les espaces vides pour accueillir les femmes sans papiers (avec ou sans enfants) qui n’ont pas de lieu pour se confiner dans de bonnes conditions d’hygiène et de distanciation physique.
• Assurer la prolongation automatique du permis de séjour des personnes étrangères dont le titre de séjour arrive à terme durant la période de confinement/déconfinement.
• Dans le cas de la perte de leur emploi en raison des mesures de confinement, assurer la continuité du permis de séjour aux femmes étrangères dont le titre de séjour est conditionné par un emploi.
• Permettre l’utilisation d’argent liquide pour les achats essentiels, car les personnes sans papiers n’ont pas le droit de disposer de cartes bancaires.
• Organiser les communications sanitaires ainsi que celles de la lutte contre les violences masculines dans différentes langues pour permettre à un maximum de femmes de prendre connaissance de leurs droits.
Vie Féminine demande enfin que la Belgique s’engage dans une démarche de régularisation de toutes les personnes sans titre de séjour se trouvant actuellement sur le territoire. Les femmes sans papiers ont tissé des liens durables en Belgique via leurs enfants, via des réseaux spécifiques (maisons de quartier, centres d’alphabétisation, consultations prénatales, centres de planning, etc.), mais aussi via leur implication dans l’associatif, les mouvements de femmes, les réseaux de travail informels, etc. Oui, la Belgique peut régulariser les personnes sans papiers.
Cet article a été initialement publié dans le magazine axelle (n°230)