Fabienne Brugère

Dans son ouvrage « Le sexe de la sollicitude », Fabienne Brugère explore dans le contexte social, philosophique et politique francophone, le fameux concept anglo-saxon de « care » (soin, souci des autres) qui est au cÅ“ur de la construction identitaire des femmes.

Etre du côté des femmes et en faveur de l’égalité des sexes commence par une mise en garde contre l’identité trompeuse de la « Femme » dont décliner les caractéristiques revient à penser une nature féminine et des règles de vie au service d’un masculin fort. Alors, que faire de l’identité ? Comme identité sexuée, elle est dangereuse. Comment ne pas reconnaître, par exemple, le caractère aliénant de la figure de la mère affectueuse ou de l’épouse attentive, modèles exemplaires de sollicitude féminine. Mieux vaut pratiquer la subversion, celle de la sollicitude ramenée à ses usages anonymes, au genre humain et à une prise en charge de la vulnérabilité, ou encore à une forme de critique de l’identité. L’individu réel est relationnel plutôt qu’identique à lui-même.

Convoquons les affinités plutôt que les identités. Pensons le statut des identités négatives. Le féminisme n’est plus seulement alors le « nous » des femmes. Il devient un combat en faveur des plus faibles et renoue plus que jamais avec une lutte contre les injustices.

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