Episode N°6 : Le Manifeste sur les pauvretés et les inégalités sociales

1920-2020, cent ans d’action de Vie Féminine pour les femmes et par les femmes

100 ans


En 1972, Vie Féminine publie son Manifeste sur les pauvretés et les inégalités sociales. Fruit de plusieurs années de réflexions en interne sur la question des inégalités, le Manifeste marque un tournant dans les préoccupations du mouvement, et ouvre la voie à une affirmation de son action politique.


À partir des années 1960, les objectifs sociaux de Vie Féminine prennent définitivement le pas sur ses objectifs religieux et apostoliques : le mouvement élargit son action éducative au-delà des sujets familiaux et quotidiens qu’il privilégiait autrefois. Un glissement s’opère dans ses centres d’intérêt, du foyer à la société dans son ensemble. Grâce à l’évolution de la législation encadrant l’éducation permanente, entre 1970 et 1976, et notamment à sa nouvelle définition qui intègre la formation sociale et politique, ainsi qu’à travers de nouvelles règles d’attribution des subventions, Vie Féminine a pu développer ses activités et se professionnaliser.

JPEG - 360.6 kioUn contexte économique difficile
À partir de 1969, un thème en particulier va intéresser Vie Féminine : la lutte contre les inégalités. Dans un contexte économique de plus en plus difficile, la lutte contre la pauvreté devient une préoccupation centrale pour le monde chrétien. Le Mouvement Ouvrier Chrétien (dont fait partie Vie Féminine) abandonne une conception de l’assistance charitable devenue désuète, pour mettre l’accent sur la « justice sociale ».
Autour de thèmes comme « la société de consommation », les sections et les groupes de travail de Vie Féminine sont amenés à une analyse critique de l’organisation sociale. Ce long travail, en collaboration avec les Équipes Populaires (un autre mouvement d’éducation permanente du MOC), débouche en 1972 sur la rédaction du Manifeste sur les pauvretés et les inégalités sociales, qui condamne explicitement le capitalisme et plaide pour une politique sociale active en faveur des plus démunies.
Le Manifeste sur les inégalités est un pas décisif de Vie Féminine vers l’affirmation de son action politique en dehors de ses missions (supposées) de « mouvement féminin ». Un premier programme politique est présenté par la présidente Jeanine Wynants à la Semaine d’étude en 1973, suivi d’un Mémorandum au gouvernement en 1974, puis d’un « programme de politique communale » en 1976. Leurs lignes directrices sont l’égalité femmes-hommes (entre époux/ses, au travail et dans l’enseignement), mais aussi le maintien de l’emploi, la préservation du pouvoir d’achat et la taxation des hauts revenus. Tout l’enjeu sera de parvenir à se faire entendre du politique dans les domaines qui ne sont pas directement liés aux femmes, où Vie Féminine revendique dorénavant d’avoir son mot à dire.
Juliette Masquelier


La photo, publiée dans le magazine Vie Féminine de décembre 1975 montre une délégation de Vie Féminine (Jeanine Wynants, la présidente, est à gauche) en visite chez le ministre de l’Emploi et du Travail Alfred Califice (Parti social-chrétien).


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