Vivaldi et les droits des femmes : où sont passés les engagements de la Belgique ?

A Vie Féminine, on dit quoi ? Décembre 2020


Ce 18 décembre marque le 41e anniversaire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (la CEDEF, ou CEDAW en anglais). Vie Féminine s’intéresse depuis longtemps à cet instrument fondamental qui, encore récemment, a rythmé le mémorandum du mouvement à l’occasion des élections de mai 2019 [1] ».


En ces moments de crise sanitaire, il n’est pas superflu de rappeler que les droits des femmes sont protégés au niveau international. Adoptée en 1979 par l’Assemblée générale des Nations Unies et ratifiée en 1985 par la Belgique, la CEDEF a force de loi dans notre pays. Mais elle reste largement méconnue par le grand public ainsi que par les acteurs et actrices impliquées dans le champ juridique et dans la lutte pour l’égalité des femmes et des hommes.

Une convention qui va très loin
L’objectif de la CEDEF est de défendre spécifiquement l’accès des femmes à tous leurs droits et à toutes leurs libertés. Elle couvre de nombreux domaines : éducation, emploi et droits sociaux, santé, diplomatie, vie politique, Justice, droit civil et familial, etc.
La convention souligne aussi certains aspects liés à la position spécifique des femmes dans la société : la protection de la maternité des travailleuses, la lutte contre différentes formes de violences ou encore l’accès à des services de santé et d’éducation à la santé, notamment en matière de planification des naissances. La CEDEF permet enfin d’affiner la lecture des discriminations directes et indirectes rencontrées par les femmes, en se référant explicitement aux stéréotypes et aux préjugés pour expliquer ces discriminations.
Tous les quatre ans, l’État belge remet au Comité d’expertes de l’ONU un rapport sur sa politique concernant les droits des femmes. À la lecture du dernier rapport, ce comité a exprimé plusieurs observations. Parmi celles-ci, la nécessité de porter une attention particulière à la protection des groupes vulnérables (femmes, migrantes, pauvres, en situation de handicap, etc.). Ces observations obligent l’État à y répondre dans son droit interne.

Vivaldi à la loupe
L’appel de Vie Féminine à l’occasion des élections du 26 mai 2019 avait été entendu par les partis politiques à la manœuvre dans les entités fédérées. Les déclarations de politique des Régions et de la Fédération Wallonie-Bruxelles introduisent un chapitre sur les droits des femmes et s’engagent à prendre appui sur la CEDEF. Quid de notre nouveau gouvernement fédéral ?
Depuis le 1er octobre en effet, la Belgique a enfin un gouvernement, qui s’est constitué en pleine crise sanitaire. Crise durant laquelle Vie Féminine ainsi que d’autres associations et mouvements de femmes n’ont cessé d’alerter les politiques sur les menaces qui pèsent sur les droits les plus élémentaires des femmes. On aurait donc pu s’attendre à découvrir un accord gouvernemental qui propose une politique ambitieuse pour garantir les droits des femmes dans tous les domaines de la vie sociale et économique. Quelle déception de n’y trouver aucune mention de la notion des droits des femmes ! Cela est d’autant plus dommageable que l’accord contient toute une série de mesures qui touchent à l’égalité des femmes et des hommes et qui rejoignent les revendications portées par Vie Féminine [2].
Vie Féminine continuera à rappeler à la Belgique ses engagements internationaux et l’urgence de nommer clairement les droits des femmes : cela permet de leur donner une légitimité dans l’opinion publique.


Cet article a été initialement publié dans le magazine axelle (N°234)



[1« Garantir les droits des femmes. Priorités de Vie Féminine en vue des élections 2019.

[2« Le gouvernement Vivaldi : sans les droits des femmes mais… », Vie Féminine, octobre 2020. Lire aussi : « Accord de gouvernement : les féministes réagissent », www.axellemag.be, octobre 2020

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