Stop à la violence masculine

Violences faites aux femmes PolitiqueViolences


Le 24 novembre 2011, nous interpellions les 4 partis démocratiques francophones sur les revendications d’une pétition rassemblant plus de 12.500 signatures. Nous l’avons remise ce jour-là à la Ministre de l’Égalité des Chances.


Pour que cesse la violence à l’égard des femmes, nous demandions :

  • une politique de prévention qui s’attaque aux racines des violences à l’égard des femmes et aux causes des inégalités entre les sexes
  • aux institutions de porter un autre regard sur les femmes victimes de violences
  • une application rigoureuse et obligatoire de la circulaire « tolérance zéro » sur tout le territoire belge.

Pourquoi parlons-nous de « violence masculine » ?

Trop souvent, les violences conjugales sont qualifiées de "drames familiaux", de "crimes passionnels", de "disputes qui tournent mal"... Or ces mots masquent une réalité centrale : les violences commises par ces hommes sur leur (ex-) compagne sont, en réalité, l’un des rouages d’un système global de domination d’un sexe sur l’autre. Pour comprendre comment fonctionne et se maintient ce système patriarcal, il faut prendre en compte ses différentes dimensions. Précisons d’abord que la domination masculine est intégrée par la plupart d’entre nous, hommes et femmes, dès l’enfance. Cette intégration passe, entre autres, par ce qu’on appelle le sexisme ordinaire, qui permet à une violence dite « légère », « sans conséquence » de rentrer dans le langage courant, dans la pensée dominante : blagues sexistes, interpellations des jeunes filles et des femmes en rue, commentaires vestimentaires ou physiques, renvoi des femmes aux rôles traditionnels, etc. De plus, la violence en général est omniprésente dans la société, dans l’ensemble des rapports de pouvoir, dans les médias, le divertissement... Cette violence « de tous les jours » participe aussi à la légitimation des violences contre les femmes. Enfin, les représentations communes de la séduction et de la sexualité sont stéréotypées, inégalitaires et souvent dégradantes, quand elles ne sont pas explicitement associées à la violence contre les femmes. Formant l’un des piliers du système patriarcal, les rôles traditionnellement attribués aux hommes et aux femmes se retrouvent au cœur des violences conjugales : ils servent à excuser l’auteur, mais aussi à accuser la victime qui ne remplirait pas ses devoirs de "bonne compagne" et/ou de "bonne mère". Or ces rôles ne sont pas le produit d’un destin biologique, mais bien des constructions sociales. En effet, ils servent à maintenir et à reproduire la domination patriarcale en confinant les femmes dans des rôles privés et subalternes, tandis que l’espace public et le pouvoir reviennent aux hommes. Les violences contre les femmes constituent l’une des formes extrêmes de ce rapport de domination. Elles servent, en quelque sorte, à forcer les femmes à "rentrer dans le rang", à se conformer à ce que leur partenaire exige d’elles.
Pour comprendre que la violence conjugale est l’une des composantes de la domination masculine, il faut donc questionner en profondeur les rôles attribués aux hommes et aux femmes par notre société. Pour les femmes, le modèle identitaire dominant est basé sur le devoir de prendre en charge les besoins de leurs proches en tout temps et en toutes circonstances, ce qui leur laisse peu d’espace pour leurs propres besoins. Elles apprennent ainsi davantage que les hommes à mettre entre parenthèses leur bien-être personnel, à privilégier l’autre aux dépens d’elles-mêmes, quitte à supporter la violence lorsqu’elle surgit. On le voit, par les valeurs inégalitaires et sexistes qu’elle véhicule, la société - et donc ses institutions - crée les conditions d’émergence et de tolérance de la violence conjugale. Ce lien entre la domination patriarcale et les violences conjugales commence d’ailleurs à trouver un écho officiel. Dans sa Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’Assemblée générale des Nations Unies explique que « la violence à l’égard des femmes traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes ». De même, la conférence interministérielle belge du 8 février 2006 a défini les violences conjugales comme la « manifestation dans la sphère privée des relations de pouvoir inégales entre les hommes et les femmes encore à l’œuvre dans notre société ».

Nos Revendications

Pour une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences, nous demandons :
Une politique de prévention qui s’attaque aux racines des violences contre les femmes et aux causes des inégalités entre les sexes, c’est-à-dire une politique de prévention :

  • qui conçoit les violences conjugales comme l’une des manifestations de l’ensemble des violences perpétrées contre les femmes, du sexisme ordinaire jusqu’aux meurtres ;
  • qui se base sur une critique du fonctionnement patriarcal de la société ;
  • qui s’appuie sur cette lecture globale des violences pour former tous les acteurs ;
  • qui a pour objectif de réellement faire chuter le nombre de violences.

Que les institutions (police, justice, milieu médical, CPAS, médias...) portent un autre regard sur les femmes victimes de violences, ce qui passe notamment par :

  • la prise au sérieux de toute plainte et l’interdiction de toute banalisation de la violence ;
  • le respect, l’écoute et la reconnaissance de la personne victime de violences ;
  • la prise en compte et la valorisation des stratégies actives de résistance des femmes, car ces stratégies renversent la conception traditionnelle que l’on a des victimes.

Une application rigoureuse et obligatoire de la circulaire "Tolérance Zéro" sur tout le territoire belge.

Bref rappel : Le 3 avril 2006, la circulaire "Tolérance Zéro" est entrée en vigueur dans notre pays. Elle organise une collaboration accrue entre les services de police, les parquets et les partenaires associatifs. Son objectif est de lutter contre les violences conjugales et de faire chuter le nombre de dossiers « classés sans suite », qui donnent un sentiment d’impunité aux auteurs et un sentiment d’abandon et de désespoir aux victimes. Cette circulaire systématise donc un procédé de prise en compte réelle des femmes victimes de violences dans la façon dont elles seront reçues, entendues et prises au sérieux, et dans le suivi de leur dossier.

Vie Féminine demande : Une application rigoureuse et obligatoire de la circulaire "Tolérance Zéro" sur tout le territoire belge ; ce qui signifie entre autres :

  • le maintien de la victime - pour autant qu’elle le souhaite - au domicile conjugal et le départ de l’auteur des violences si des mesures de protection doivent être prises pour la sécurité de la femme et/ou des enfants ;
  • une gestion centralisée des dossiers permettant à chaque magistrat traitant un dossier de connaître d’éventuels faits antérieurs de violences ;
  • la comparution de l’auteur de violences aux fins de lui rappeler la loi.


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