Episode N°8 : Vie Féminine à la manifestation des « femmes contre la crise »

1920-2020, cent ans d’action de Vie Féminine pour les femmes et par les femmes


Le 6 mars 1982, les militantes de Vie Féminine défilent aux côtés de syndicalistes et de féministes sous la bannière des « femmes contre la crise ». À l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, elles revendiquent ensemble leur droit au travail, aux indemnités de chômage et à l’indépendance économique. Une alliance à la fois nouvelle et prometteuse…


Au début des années 1970, Vie Féminine a accueilli avec méfiance les nouveaux groupes féministes qui revendiquaient le droit à disposer de leur corps grâce à la contraception et à un accès sûr, libre et gratuit à l’avortement. Très attachée aux valeurs familiales et à une vision chrétienne de la sexualité au sein du mariage, Vie Féminine s’est tenue à distance respectable de ces « révolutionnaires » qu’elle jugeait déconnectées des réalités des femmes, et trop peu respectueuses de leur mission au sein de la famille.

De l’épanouissement à l’autonomie
JPEG - 87.8 kioAu cours des années suivantes, l’indépendance financière est progressivement apparue, aux yeux de Vie Féminine, comme un enjeu majeur pour l’émancipation des femmes. Grâce à l’action des groupes de jeunes femmes et de femmes seules (divorcées, séparées ou veuves) qui s’affirment dans le mouvement, Vie Féminine abandonne peu à peu une vision promouvant l’épanouissement des femmes au sein de la famille pour valoriser un nouvel idéal : l’autonomie. De leur côté, les mouvements féministes s’institutionnalisent et se professionnalisent, adoptant des modes d’action moins subversifs, comme le travail social ou le lobbyisme parlementaire.

La rencontre avec le féminisme
JPEG - 826.7 kioLa rencontre se produit finalement au début des années 1980. Autour du thème de la crise économique et des discriminations vécues par les travailleuses, Vie Féminine rejoint la plateforme pluraliste « femmes contre la crise » pour l’organisation de la 10e « Journée F », le 11 novembre 1981, puis la manifestation nationale du 6 mars 1982. Aux côtés d’organisations féminines, féministes, syndicales et politiques, Vie Féminine dénonce les discriminations à l’embauche et le « travail partiel », réclame des moyens de réinsertion professionnelle, des allocations de chômage sans référence au statut familial et une orientation scolaire et professionnelle égalitaire.

JPEG - 49.9 kioS’il faudra attendre encore vingt ans pour que Vie Féminine se présente comme « féministe », ces collaborations nouvelles marquent le tournant qu’a pris le mouvement en faveur de la défense des droits individuels des femmes pour assurer leur autonomie.
Juliette Masquelier


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